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Salima Naji - Architecte et Anthropologue

Architecture de l'adaptation

Centre d'interprétation du patrimoine - Salima Naji Architecte

Pour ceux qui me connaissent bien, il est évident que Salima Naji occupe une place prépondérante dans mes sources d'inspiration en matière d'architecture. Depuis mes premiers cours alliant l'ethnologie à l'architecture, la découverte de son œuvre a constitué un socle essentiel dans ma réflexion durant mes années d'études dans ce domaine. Cette admiration n'est pas unique, comme en témoigne sa reconnaissance parmi les « Inspiring Women, Expanding Horizons » par la Mosaic Foundation à Washington en 2008.
 

J'ai eu le privilège d'assister à l'une de ses conférences à Annecy début novembre et d'engager une discussion avec elle à la clôture de cet événement.
 

Qu'est-ce qui singularise son approche architecturale ? Avant tout, son engagement militant en faveur d'une évolution des normes. Elle s'efforce de concilier les aspirations de modernisation des édifices au Maroc avec le respect des techniques vernaculaires. Son souci premier est de veiller à ce que les bâtiments qu'elle conçoit soient non seulement économiques, mais surtout adaptés au contexte climatique, tout en réinterprétant les savoir-faire locaux pour prévenir leur perte.

Avec Salima Naji, les édifices ne sont pas de simples agrégats de murs et de sols ; ils représentent bien plus. Ils incarnent une culture, au sens le plus noble du terme, en tant que vecteurs de savoir-faire et de savoir-vivre. Son approche n'a rien de figé, mais plutôt une vision de continuité, un élan de vie. Lorsqu'un ancien grenier en terre menace de s'effondrer, elle se mobilise pour préserver ces structures centenaires. En cas de disparition des savoir-construire, elle initie la communauté à ces connaissances afin d'éviter leur abandon. Elle privilégie l'utilisation de matériaux éprouvés tels que la terre, le bois et la pierre pour concevoir des espaces résistants aux climats chauds du Maroc, que ce soit lors de chantiers de sauvegarde de monuments ou de constructions contemporaines à vocation sociale.

Salima Naji - architecte - projet synago

Synagogue de d'Aguerd - Salima Naji Architecte

Salima Naji, architecte et anthropologue, lutte pour la préservation des bâtiments et la sauvegarde des méthodes de construction traditionnelles marocaines. Les murs en terre épais enveloppent l'habitat. Les portes, les fenêtres et le puits de lumière rendent ces espaces agréables à vivre en favorisant l'apport de lumière naturelle et une ventilation efficace. Ces savoir-faire sont actuellement menacés, avec une tendance au Maroc à privilégier la construction en béton pour les nouveaux édifices, matériau coûteux et moins approprié que les murs en terre traditionnels. Le recours à la terre dans les nouvelles constructions est progressivement délaissé, souvent perçu comme le matériau des plus démunis (le Pisé, admiré ailleurs, demeure méconnu au Maroc, selon les propos de Salima Naji dans la revue AM 72, septembre/octobre 2016). Face aux enjeux du changement climatique en France et en Europe, les regards se tournent vers ces bâtiments anciens conçus de manière « bioclimatique » bien avant que ce terme ne soit popularisé.

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L'essence de son travail met en exergue l'importance de l'apprentissage par l'étude et le travail sur les dispositifs constructifs du bâtiment ancien. Cela permet de préserver les techniques constructives d'une époque et les modes de vie qui y sont associés. Comme l'a souligné Étienne Poncelet, inspecteur général honoraire des Monuments Historiques, « Le patrimoine est le conservatoire du savoir-faire. Les anciennes granges avaient des murs épais et travaillaient avec l'inertie des matériaux utilisés.

L'influence de Salima Naji en tant qu'architecte et militante transparaît dans son engagement en faveur de la préservation des savoir-faire traditionnels et de la construction bioclimatique. Son travail, empreint d'une profonde considération pour la culture et l'environnement, souligne l'importance de la continuité et de l'adaptation, offrant ainsi des leçons précieuses pour les générations futures.

Image du projet de Oufella à Agadir, projet en pierre avec un enchevêtrement de bois pour la résistance aux séismes. Portes en bois et parvis en ardoise.

Agadir Oufella - Salima Naji Architecte

Face aux défis actuels, notamment les conséquences des changements climatiques et les catastrophes naturelles, l'expérience des tremblements de terre au Maroc met en lumière la résilience des structures construites en terre. Reconstruire de manière traditionnelle, en utilisant des matériaux tels que la pierre ou la terre, pourrait offrir une solution viable et rapide. La reconstruction ne devrait pas nécessairement dépendre entièrement de l'intervention de l'État, et le recours aux méthodes de construction traditionnelles pourrait permettre une reprise plus rapide et plus adaptée aux besoins spécifiques des communautés touchées.

Les dégâts considérables laissés par de telles catastrophes nécessitent des solutions innovantes et pragmatiques. En réadoptant des pratiques de construction anciennes, telles que celles préconisées par Salima Naji, il est possible de construire des habitats plus résilients et adaptés à l'environnement local. Ce retour aux fondements de la construction offre une alternative viable pour la reconstruction, offrant ainsi un élan vers un avenir plus durable et résilient.

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Avec le changement climatique, l'isolation et la ventilation des espaces deviennent primordiales, et en utilisant les bons matériaux au bon endroit, des économies peuvent être réalisées. Il a également été montré que le rythme cardiaque, pression artérielle des personnes vivant dans des maisons en bois est plus lent. Notre environnement quotidien est crucial, le réemploi, l'utilisation de matériaux biosourcés et une mise en œuvre soignée permettent de vivre dans un lieu plus agréable. La Haute-Savoie dispose d'un réseau de lieux pour le réemploi dans nos pratiques. Le réemploi a toujours existé ; les anciens ne jetaient pas, ils trouvaient toujours une manière de réutiliser.

Salime Naji, projetcentre d'interprétation du patrimoine. De grands murs en terre protège un bâtiment en pierre.
Salima Naji - architecte - centre d'inte

Centre d'interprétation du patrimoine - Salima Naji Architecte

En empruntant la voie tracée par Salima Naji, qui intègre les savoir-faire marocains pour concevoir des constructions durables, il devient impératif de puiser dans le passé pour avancer. L'innovation réside aussi dans la préservation des enseignements hérités, comme le souligne la construction bioclimatique et l'utilisation de matériaux traditionnels. Les savoir-faire marocains offrent des leçons précieuses pour forger des solutions innovantes, ancrées dans la tradition, et ainsi surmonter les défis à venir.

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